Dans la préface de « La Condition de l’homme moderne », Paul Ricoeur parle de cet ouvrage comme un des chefs d’œuvre d’Hannah Arendt. Soit. Mais cela n’empêche pas la lecture d’Arendt d’être aride, rébarbative qui demande à ses lecteurs des efforts de synthèse qu’elle ne consent pas à faire.Les « Origines du totalitarisme » avaient conclu à l’impossibilité de penser Auschwitz : seuls les témoignages sont en mesure de nous faire percevoir l’inimaginable. « Tous les actes qui furent perpétrés dans les camps ne nous sont familiers que par référence au monde des imaginations perverses et malignes. » L’ouvrage « La condition de l’homme moderne » est une tentative de réponse à cet impensable qui est, au fond, l’impossibilité de penser le mal radical, qui existe mais reste indéchiffrable (1).Si un système totalitaire permet de perpétrer l’impensable quelles sont les conditions d’un système non-totalitaire ? pour que le mal radical ne trouve plus de chemins pour renaître ? Ces conditions, Hannah Arendt va les rechercher dans les caractéristiques fondamentales de la condition humaine que sont la vie spéculative et la vie active.1 )