II - Qu’est ce qui a abîmé,voire détruit l’Autorité ?
Athènes, première scène de crime
Du muthos au logos, la démocratie comme changement dans le régime de la parole(JP. Vernant)
Muthos : suite de paroles qui ont un sens, fable, récit fabuleux. C’est une parole qui a du sens, qui raconte mais qui n’a pas le souci de rendre raison d’elle-même (= Parole poétique).
Elle doit être interprétée
Logos : parole et raison. C’est une parole qui s’efforce de rendre raison d’elle-même, qui est dans le registre de la justification (parole argumentative)
Athènes c’est le lieu où se produit cette révolution extraordinaire : on passe de la parole d’autorité (le muthos) à l’autorité de la parole
(le logos) qui est en fait toujours dialogos.
Jérusalem, l’Autorité ressuscitée
La révolution démocratique, l’Autorité décapitée
Le constat de décès (A.deTocqueville) « L’aristocratie avait fait de tous les citoyens une longue chaîne qui remontait du
paysan au roi ; la démocratie brise la chaîneet met chaque anneau à part » DA, TII, 3ème partie, chap. II
« Ceux-là ne doivent rien à personne, ils n’attendent pour ainsi dire rien de personne; ils s’habituent à se considérer toujours isolément, ils se figurent volontiers que leur destinée toute entière est
entre leurs mains »
« Echapper à l’esprit de système, au joug des habitudes aux maximes de famille, aux opinions de classe et, jusqu’à un certain
point jusqu’aux préjugés de nation ; ne prendre la tradition que comme un renseignement et les faits présents que
comme une utile étude pour faire autrement et mieux ; chercher par soi-même en soi seul la raison des choses (…)
tels sont les principaux traits qui caractérisent ce que j’appellerai la méthode philosophique des américains ».
La révolution démocratique, la fin de l’autorité
Quelques « bourreaux » de l’Autorité
Martin Luther : Thèse 79 : « C’est un blasphème de dire que la croix aux armes pontificales a autant de puissance que la croix du Christ »
Galilée :
« L’autorité d’un seul homme compétent, qui donne de bonnes raisons et des preuves certaines, vaut mieux que le
consentement
unanime de ceux qui n’y comprennent rien »
« Il est certainement nocif pour les âmes de transformer en hérésie le fait de croire ce qui est prouvé »
René Descartes :
« Il y a déjà quelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j’avais reçu quantité de fausses
opinions pour véritables, et que ce j'ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que douteux et incertain;
de façon qu’il me fallait une fois en ma vie me défaire de toutes ces opinions que j’avais reçues en ma créance, et créance
et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences ».
Première Méditation métaphysique,
L’acte de décès
« Notre histoire n’est pas notre code » JP. Rabeau Saint-Etienne (1743-1793)
« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament ». René Char (1907-1988)
« Nous sommes délaissés » JP. Sartre
Qu’est-ce que la démocratie? C’est un nouveau monde, c’est une nouvelle idée de l’humanité (R. Legros). C’est un monde
dans lequel, au fond, il n’y a pas de Monde, c’est-à-dire pas de représentation communément admise de l’ordre du monde
enveloppant l’ensemble des membres de la société dans un sens commun. Ce qui fait donc par essence défaut dans une société démocratique, ce n’est pas des hommes désireux de donner des ordres (ils sont au contraire légion) ni des hommes prêts à
recevoir des ordres (ils sont eux aussi légion), mais un Ordre, un Sens Commun spontanément partagé, à défaut duquel
le phénomène d’autorité ne peut pleinement se manifester.
Le Monde démocratique est un monde sans Ordre (Anarchie) dans lequel il revient aux hommes (au Peuple) de
donner un Ordre (La démocratie c’est le monde de l’autonomie / hétéronomie)
On peut ainsi parler d’un pari ou d’une promesse démocratique
Comment peut-on donner un ordre quand il n’y a plus d’Ordre, de sens commun du monde communément
et spontanément partagé ?