LA PRISONNIERE Introduction d’Eliane Davy aux pages lues par elle à la sixième séance

          

Le Narrateur continue de nous entretenir des « feux tournants de la jalousie » et de cet amour qui naît d’une minute d’angoisse qui rendra la présence de l’autre absolument vitale, absolument infernale : l’autre n’est pas seulement un corps. Et voilà l’impossibilité à laquelle se heurte l’amour nous dit le Narrateur : l’être qu’on aime dont on a besoin et que l’on surveille parce qu’il nous ment, est dispersé «  à tous les points de l’espace et du temps ». L’amour s’étend jusque dans ces zones que l’on ignore mais que l’on sait que l’être aimé a occupées.

L’amour veut tout posséder, le corps et les lieux que ce corps a habités. Ce qu’il veut, c’est la femme et le pays qu’elle contient en elle ; tous les espaces, toutes les heures, tous les climats qui furent et seront témoins de la vie vibrante, désirante de l’être aimé. L’insupportable amour est bon à tuer parce que posséder les mondes passés et à venir qui portent et porteront l’empreinte de l’objet d’amour est impossible.

Le Narrateur nous parlera aussi de l’angoisse qui survient parce que celle qu’il aime, à ce moment là, ne rend pas son office d’apaisement.

A ce propos, il jette un pont vers Combray, vers ces soirs là où la mère ne montait pas dans sa chambre pour un dernier baiser. A cet égard, nous pouvons penser, à tort ou à raison, que l’origine des amours du Narrateur se trouve dans l’amour du héros pour sa mère. En tout cas, il précise que cette angoisse avec Albertine est entière ; ça n’est pas sa transcription dans l’amour, c’est l’angoisse de l’enfance ( p 126 Du côté de chez Swann  GF ) tout entière, indivisible, s’étendant à toutes les passions, amour filial-amitié-peur-envie-haine, comme une totalité qui submerge le Narrateur mais ne peut le rendre tout à fait à l’enfance quand il pouvait dire à sa mère : « je suis triste ».

Le héros adulte tait sa détresse jusqu’au baiser d’Albertine d’où elle même est absente, un baiser qui, au lieu d’apaisement, procure le désespoir.

Repères textuels :

Début : « J’ai dit « Comment n’avais-je pas deviné ? »... 

Fin : « … et pleurais tout le reste de la nuit »
(Pléiade 1989 tome III  pp 601-620 Pléiade  Garnier Flammarion, p187-207)

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http://alarecherchedutempsperdu.org/marcelproust/348

http://alarecherchedutempsperdu.org/marcelproust/349

http://alarecherchedutempsperdu.org/marcelproust/350  fin du § 6

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