Onfray lecteur de Freud : misère et grandeur philosophiques
par Erik Laloy
Par delà une thérapie et une théorie des névroses, la psychanalyse propose une anthropologie. Freud y révolutionne la façon de concevoir l'homme : psychisme comme lieu de désirs conflictuels (notion de conflit psychique), influence de contenus non-conscients dans la pensée et les décisions (concept d'inconscient dynamique), fonctionnement différent des instances inconsciente et consciente (principe de plaisir et principe de réalité, processus primaire et processus secondaire...), voies par lesquelles ce qui est inconscient se dit (substituts, travail du rêve), méthode pour remonter des rêves et autres substituts au refoulé (associations libres, interprétation)... En découvrant Freud dans les années soixante, j'ai très vite su que j'aurais ces découvertes à transmettre pour une conception plus profonde de l'homme et de sa connaissance.
En examinant l'index du livre de Michel Onfray, Le crépuscule d'une idole, j'ai constaté avec étonnement que la plupart de ces notions ou concepts, à mon avis essentiels, n'y figurait pas. Dans un chapitre toutefois, Le royaume des causalités magiques pp 363-386, soit 24 pages sur 600), il se confronte avec la pensée anthropologique de Freud, à partir en particulier de sa lecture de L'interprétation des rêves (je reprends le titre de l'édition PUF de 1967). Ces pages permettent de voir comment il l'a "comprise".
Je partirai de thèses prêtées par Michel Onfray à Freud dans ce chapitre et les confronterai à ce que dit Freud (§§1-4). Cela me conduira à mettre en évidence comment ce sont certaines caractéristiques de la pensée de Michel Onfray qui l'ont conduit à cette "compréhension" de Freud, envisagé principalement ici comme défricheur et déchiffreur en anthropologie philosophique.(§§ 5-8)]