LA PRISONNIERE Introduction d’Eliane Davy aux pages lues par elle à la quatrième séance

La Prisonnière scéniquement parlant, c’est un huis-clos entre Albertine, le Narrateur et la jalousie de ce dernier. Affrontement dont la tension ne cessera de s’accentuer au fil des pages, au fil des journées, quatre ou cinq, réparties sur plusieurs mois, qui composent le cadre temporel de la réclusion des deux personnages. Les quelques pages qu’on lira ce soir évoquent l’apaisement de la jalousie. Et au cœur de cet apaisement, le Narrateur s’interroge sur la mobilité des êtres, multiples et fuyants, l’impossibilité de les reconnaître, de les fixer.

Autant l’habitude rendra à l’être fuyant son immobilité, triste-ennuyeuse et tranquillisante, autant l’attente de l’autre qui ne vient pas , nouée au désir sexuel, fera surgir le besoin irrépressible de cet être, besoin qu’on appelle « l’amour ».

Du fond de sa cage, Albertine se détache sur l’azur bleu de Balbec ; jeune fille inconnue alors et désirable comme ses amies déroulant sur la plage leur insolence, leur charme et leur mystère. La mémoire du Narrateur les préserve dans leur fraîcheur de rose et mesure aussi dans l’intervalle des deux séjours à Balbec les positions qu’elles ont occupées par rapport à lui.
Déplacés, façonnés selon les sites où ils apparaissent, selon les points brillants sur l’arc du temps, les corps sont aussi comme des planètes qui tournent autour d’autres corps. C’est un ballet qui se joue dans l’épaisseur du temps, avec différents éclairages, différents costumes.

La révolution des corps implique à la fois une « multiplication d’eux mêmes » – le Narrateur parlera de « germination » – et un modelé perçu et créé par le regard de l’autre.
Le corps fait peau neuve et « la mer se retire doucement d’Albertine, seul le murmure de ses vagues persiste encore ». Et c’est par la métaphore marine de l’assoupissement de la mer sur la grève que l’auteur nous embarque sur le sommeil d’Albertine.

Repères textuels : Début : « Elle n’était pas frivole du reste... »
Fin : « ...dans l’abdication d’un croyant qui fait sa prière »
(Pléiade 1989 tome III pp. 572-585 , Garnier Flammarion, pp.157-170)

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http://alarecherchedutempsperdu.org/marcelproust/344

http://alarecherchedutempsperdu.org/marcelproust/345 jusqu'au §7 3ème ligne

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