Amphithéâtre Tocqueville Université de Caen-Basse-Normandie
Esplanade de la Paix
Les techniques de la génétique extrême (biologie de synthèse, création d'ADN synthétique, technologie de restriction génétique,...) posent de nombreuses questions sur les relations entre la recherche scientifique et les objectifs de main-mise sur le monde des acteurs de ce nouveau paradigme.
Une nouvelle alliance de pouvoir et de contrôle sur la nature se tisse entre des méga-entreprises hyper-concentrées qui rêvent d'imposer leur "marque" sur le vivant lui-même (OGM, protection intellectuelle des semences, brevetage du vivant,...) et les chercheurs "décomplexés", qui se vivent comme un monde libre, indépendant, attaqué de toutes part par les comités d'éthique, les religions et l'incompétence politique.
Comment les citoyens peuvent-ils intervenir dans une telle situation ? Notamment quand se répand dans les médias une logique de "science des promesses", dans laquelle des bénéfices encore hypothétiques servent de combustible à la mise de côté des principes éthiques et déontologiques, et à l'orientation des budgets de recherche en fonction même d'une compétition interne aux secteurs des génétiques extrêmes. Les bénéfices proposés sont si énormes que toute critique se trouve paralysée... Pour autant, jamais une équipe ayant trusté les crédits, les idées et l'oreille médiatique n'aura de compte à rendre sur les aléas de ses travaux. La science est encore assimilée à la flèche du "progrès", et de ce fait se trouve inattaquable.
Quelle pourrait être une épistémologie des sciences de la nature qui redonnerait une place à la mise à distance de l'objet de recherche et des fantasmes du chercheur ? Comment les chercheurs peuvent retisser des relations avec la société qui partent de responsabilités partagées et non de soumission à une règle d'évaluation et de concurrence généralisée ?