L’ambiguïté de Foucault :
Une généalogie du pouvoir, encore une politique ?
Depuis son invention grecque, un des enjeux de la politique aura été l’examen des formes de pouvoir, de leur histoire, mais aussi de leur légitimité, qui est le lieu où ces formes s’articulent avec la notion d’autorité. Depuis la modernité, la politique est aussi une pensée de la puissance, de la composition de puissances individuelle.
Michel Foucault, dès son entrée au Collège de France, semble radicalement rompre avec l’une et l’autre de ces manières d’envisager le problème politique par une analyse ou plutôt par une généalogie de la notion de pouvoir. Cette généalogie fait valoir notamment que le pouvoir ne se confond pas avec sa forme juridico-politique, qu’il est indissociable des modalités d’exercices et de techniques qui en constituent la réalité.
Devenu pour cette raison une référence de l’action militante aux formes de la domination, mais décrié par ceux qui se revendiquent du marxisme, le penseur de « la société de contrôle » constitue une figure ambiguë. Pour les uns, il incarne une régression de la pensée politique, légitimant de fait l’abandon de l’institution et de la souveraineté au profit de résistances à la marge qui ne changeraient pas vraiment l’organisation sociale. Pour les autres, il fournit la boite à outil indispensable d’une micro-politique, prenant en compte la dissémination des rapports de pouvoir à tous les échelons de la société et de la vie et créant les conditions de nouvelles formes d’émancipation.
Sans prétendre décider de cette ambiguïté, nous tâcherons d’en éclairer différents aspects en nous demandant si chez Foucault, la pensée de la liberté en politique, de la liberté dans l’horizon politique ne suppose pas précisément une généalogie du pouvoir dont nous soulignerons les enjeux.