III - Quelle autorité pour la démocratie ?

La nature à horreur du vide

Si la société démocratique peut se définir par son refus de tous les ordres hérités, elle n’est cependant pas sans source d’autorité.

Cette source, c’est le démos, le Peuple.

Le problème c’est que le Peuple est sans forme, sans parole et sans porte-parole (P. Rosanvallon, Le peuple introuvable).

En démocratie « le Pouvoir est un lieu vide » C. Lefort

Mais, comme « la nature a horreur du vide »  nombreux furent les discours et les hommes qui, tout au long des XIXème

et  XXème siècles, ont prétendu pouvoir « remplir » ce lieu vide. Les nouvelles idoles (et tous leurs hérauts) :

l’Etat, la Nation, la Science, l'Histoire, le Marché

Un monde désenchanté

Après avoir expérimenté tout au long du XIXème et du XXème siècle dans quelles impasses pouvaient nous mener chacune

de ces « nouvelles idoles » (Nietzsche), nous vivons désormais à l’ère de  « la fin des grands récits » (JF. Lyotard), dans

une indépassable situation de « guerre des dieux », de « polythéisme des valeurs » (M. Weber).

Et c’est sans doute parce que nous en avons fini avec ces nouvelles idoles, que nous pouvons dire, avec M. Gauchet,

que nous vivons désormais dans « un monde désenchanté », que nous savons que nous ne pouvons plus espérer

ordonner notre vie commune en référence à un Ordre préétabli qui nous précéderait, nous dépasserait et nous engloberait.

De la parole d’Autorité à l’Autorité de la parole

Au fond, nous sommes reconduits au problème qu’ont eu à affronter les Athéniens :

Comment instituer une Parole du Peuple,

L’enjeu est donc d’instituer une Autorité de la parole en lieu et place de la Parole d’Autorité.

En quoi consiste cette parole qu’appelle la promesse démocratique d’autonomie?

 

C’est une parole dialogique:

« Dans lexpérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font

quun seul tissu, mes propos et les siens sont appelés par l’état de la discussion, ils s’insèrent dans une opération commune

dont aucun de nous n’est le créateur. Il y a là un être à deux, et autrui n’est plus ici pour moi un simple comportement

dans mon champ transcendantal, ni d’ailleurs moi dans le sien, nous sommes l’un pour l’autre

Comment instituer cette parole dialogique, condition de possibilité d’une autorité de la parole ?

Tocqueville et les écoles de la démocratie :

La communeassociation permanente créée par la loi ; elle développe l’esprit de cité, l’esprit de responsabilité (« Petite Athènes »)

Le juryassociation  temporaire créée  par la loi.  Il développe l’esprit de jugement

Les associationsassociations volontaires plus ou moins durables reconnues par la loi.  Elles développent l’esprit d’initiative

 les conférences citoyennes,  les universités populaires,  les comités d’éthique….. et l’Ecole ?